Le Soleil - 24 avril 2004

Gaspésien blessé à Falloujah
Travis Condo fait partie des marines américains

GESGAPEGIAG - Travis Condo, un Gaspésien de la communauté autochtone de Gesgapegiag faisant partie des marines américains, a été blessé en Irak le 1er avril alors que son véhicule militaire, de type Hummer, a été la cible de forces rebelles, à une heure de route de Falloujah.

Un projectile de fort calibre, ayant notamment passé à travers la paroi du véhicule, un sac à dos et une autre pièce du Hummer, l'a atteint au bras gauche, passant à travers, avant de se loger dans son dos. Le projectile y est toujours, et il y restera, a expliqué hier M. Condo au SOLEIL, lors d'une entrevue téléphonique depuis sa base de 29 Palms, en Californie, qu'il a réintégrée depuis peu, Il reviendra parmi les siens vers le milieu de la semaine.

" J'ai été très chanceux. Si le projectile n'avait pas passé à travers tous ces objets, je serais mort. La balle, qu'on peut comparer a un projectile de Remington 308 (millimètres), est entrée dans mon bras en tournoyant, à cause des impacts précédents. Elle est quand même passée à travers et elle s'est arrêtée dans une zone du dos où il y a beaucoup de nerfs. Ce serait trop risqué de l'enlever ", précise Travis Condo, 20 ans, qui comme déjà trois ans et demi de service dans les marines.

L'attaque des rebelles a tué un de ses amis, admet-il avec émotion, sans donner plus de détails. M. Condo a ensuite été transféré à Bagdad, puis en Allemagne, pour des raisons médicales. C'est enfin au Maryland, de retour aux États-Unis, qu'il a reçu les soins spécialisés dont il avait besoin, le 16 avril.

Malgré l'impossibilité d'extirper le projectile de son dos, il récupère à une vitesse qui mystifie les médecins. Il se dit également très surpris. " La plaie de mon bras est presque complètement disparue. Je ne devais pas bouger les doigts avant trois mois, et j'y suis parvenu après deux semaines. Je ne dois pas arrêter. Je n'ai aucune envie d'être limité dans ma capacité d'utiliser mon bras. Je ne sais pas pourquoi ça va si bien. C'est peut être seulement de la chance. Je sens la balle dans mon dos seulement quand je fais certains mouvements ", note-t-il.

Il quitte la Californie aujourd'hui a destination de Montréal, où il passera deux jours. Il devrait arrêter dans sa famille, à Gesgapegiag, dans la Baie des Chaleurs, mercredi. Sa mère, Catherine Johnson, est à ses côtés.

" Je serai en congé pour quelques semaines avant de retourner à 29 Palms. Normalement, je serai démobilisé en janvier. J'aurai fait mes quatre ans. C'est ce que je voulais faire au départ. Je n'avais pas prévu faire une longue carrière militaire ", signale Travis Condo.

Les autochtones du Canada s'enrôlent assez souvent dans l'armée américaine, parce qu'ils possèdent la double citoyenneté. Travis Condo a joint les marines à 17 ans par pur hasard. " J'ai rencontré un de leurs agents de recrutement à Montréal ; il était venu rencontrer quelqu'un d'autre. Si j'étais tombé sur un agent de recrutement canadien, j'aurais joint l'armée canadienne. "

Sa base, est située à plus de deux heures de route de San Diego, en plein désert.

- Gilles Gagné (collaboration spéciale)


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